Scandale : du pipi et du caca dans cet article !

La matière fécale dans un dessert vendu par une grande enseigne suédoise, du cheval retrouvé dans des lasagnes qui devraient ne contenir que du bœuf…l’actualité de ces dernières semaines n’a pas ménagé le consommateur. Il est sans doute en droit d’être à la fois dégoûté et en colère, et de considérer que « tout cela, c’est de la m… ». Je voudrais ici le réconcilier avec les excréments et autres déchets humains ou animaliers. Ils peuvent s’avérer très utiles pour consommer moins et mieux… à condition de ne pas en manger !

Commençons par les crottes.

Ce n’est pas ce qui manque dans un zoo, entre la production des pensionnaires et celle des visiteurs. A Denver, la direction a eu l’idée ingénieuse de récupérer cette importante production fécale pour la recycler en biocarburant. Il alimente désormais un tuk-tuk utilisé dans l’enceinte du parc. Concrètement, les excréments sont transformés en pellets servant de carburant à un moteur produisant l’électricité nécessaire pour faire avancer le véhicule. A terme, l’espoir est de recycler 750 tonnes de rebuts par an (toutes les déjections animales + 90% des déchets solides produits par les visiteurs et les employés). Cela assurerait 20% de la consommation énergétique du zoo.

A Mexico, 70 grammes de déjections canines vous donnent droit à 20 minutes de wifi gratuit dans 10 parcs de la ville. L’initiative en revient à un fournisseur d’accès internet. Il se donne une image sympa en proposant de résoudre de manière simultanée deux soucis : le manque de wifi dans l’espace public et la multiplication des crottes de chiens. Il a donc installé dans les parcs des balances pour peser les déjections ramassées par les candidats au web. Une fois le poids déterminé, il est converti en minutes d’accès internet wifi. Nom de code de l’opération : Poo Wifi

En Israël, un entrepreneur a conçu un système de recyclage des eaux usées. Elles recèlent de la cellulose (contenue dans les matières fécales et le papier toilette). Récupérée, elle peut être transformée en combustible pour les centrales électriques, en pellets de chauffage mais aussi en papier recyclé…de quoi boucler la boucle.

Passons à l’urine : cette année, je vous en ai parlé ici même, elle a été transformée en électricité dans le cadre du célèbre carnaval de Rio pour alimenter les systèmes de sonorisation des énormes camions accompagnant les groupes de samba.

En Afrique aussi, on lui trouve une utilisation possible pour produire de l’électricité. Quatre jeunes étudiantes africaines ont proposé dans le cadre d’un concours d’inventeur d’alimenter avec ce « carburant » des groupes électrogènes. L’urine est placée dans un électrolyseur, l’urée est alors séparée en azote, en eau et en hydrogène. Ce dernier est comprimé, avant de passer à travers du borax liquide, afin de l’assécher. Cet hydrogène sous pression, purifié et sec, sert ensuite à alimenter le moteur du générateur. L’invention de ces jeunes filles de 14-15 ans suscite pas mal d’espoirs. Il faut dire que dans la mégapole d’au moins 15 millions d’habitants qu’est Lagos, avec ses nombreuses coupures d’électricité, on imagine ce qu’il pourrait apporter en coûtant bien moins cher que le diesel pour faire tourner les groupes électrogènes.

Autre continent encore, l’Australie. A Melbourne, c’est l’hôtel Greenhouse, proposant de l’alimentation bio, qui a utilisé l’urine de ses clients, diluée, comme engrais pour les cultures de soja et de colza. Les « pipi » de 25 personnes fournissent l’engrais pour enrichir un hectare de cultures !
Si Ikea ou Findus se font discrets après les découvertes réalisées ces dernières semaines dans les produits qu’ils commercialisent, d’autres se la jouent nettement plus spectaculaire. C’est le cas du fabricant japonais de toilettes Toto. Pour « sensibiliser la population aux problématiques environnementales et énergétiques », il a créé la Popocyclette alimentée au biogaz provenant de déjections animales et de boues d’épuration. L’inventeur des toilettes chauffantes – que tout occidental se rendant au Japon photographie (je peux fournir des clichés !) – entend, avec ce véhicule, faire savoir que ses toilettes et autres douches sont moins gourmandes en eau que celles de la concurrence.

Alors, finalement, dans le caca, tout est bon ?

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